12/05/2018
Figuration narrative
La Figuration narrative
La figuration narrative, renouveau de la figuration, trouve son plein sens en 1964 et 1965 lors de deux expositions-événements organisées par le critique d'art Gérald Gassiot-Talabot : “Mythologies quotidiennes” et “Figuration narrative”.
Elles critiquent la société de consommation et ses produits. Les artistes réagissent à l'hégémonie du pop art qui, depuis le début des années cinquante est perçu comme l'art impérialiste américain. Le pop art, un simple constat de la société de consommation, provoque le retour de la nouvelle figuration qui, elle, critique la société.
Les peintres “ont senti la nécessité de rendre compte d’une réalité quotidienne de plus en plus complexe et riche, qui mêlât les jeux de la cité, les objets sacrés d’une civilisation vouée au culte des biens de consommation, des gestes brutaux d’un ordre fondé sur la force et la ruse, le choc des signaux, des mouvements (...)” G.Gassiot-Talabot, 1964
Pour les artistes de la figuration narrative, "le tableau n'est plus un objet de contemplation mais un outil de communication. Le critère de lisibilité remplace le critère esthétique".
Jacques Monory - Dreamtiger 2 - 1972
Jacques Monory - Meurtre 18 - 1968
Eduardo Arroyo - Grand pas du Saint Bernard - 1965
Bernard Rancillac - Sainte Mère la Vache - 1966
Bernard Rancillac - Enfin silhouette affinée jusqu'à la taille - 1966
"Mon travail consiste à faire dire aux photographies ce que je veux qu’elles disent, en les démontant. Il y a opposition de deux images. Il s’agit de rendre visible l’idée que la réalité est contradictoire.
Dans les magazines, on regarde des publicités ou des reportages mondains et, à la page suivante, on voit des scènes de torture.
Le lecteur passe de l’un à l’autre, tout lui paraît vrai, exact et crédible."
Bernard Rancillac - Bloody Comics - 1977
Bernard Rancillac - Sénégal - 2000
Gilles Aillaud - La bataille du riz - 1968
Gilles Aillaud (1928-2005) - Cage aux lions - 1967
"L’homme n’est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l’homme. C’est l’ambiguïté de cette relation qui m’occupe et l’étrangeté des lieux où s’opère cette séquestration silencieuse et impunie. Il me semble que c’est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation."
Peter Klasen - Panoplie du désir - 1964
“Mon discours a toujours été vers les extrêmes pour être clairement compris. Cette brutalité du morcellement, du télescopage inattendu de corps, celui de la femme, premier sujet de la publicité, et de l’objet, souvent agressif... De là une cruauté qui sert la lisibilité et le discours que je m’étais donné. C’est-à-dire montrer une agressivité permanente et sous-jacente dans nos rapports, dans la société telle qu’elle a évolué”
Peter Klasen - Vénus mécanique - 1979
Peter Klasen - Très fragile DB 21 S rouge - 1987
Hervé Télémaque - Banania n°3 - 1964
Alain Jacquet - Déjeuner (série camouflage) - 1964
Henri Cueco - Chiens qui sautent - 1994
Gérard Fromanger - Au Printemps ou la vie à l'envers - 1972
Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati
Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp - 1965
Huile sur toile, série de 8 tableaux, 162 x 114 cm et 162 x 130 cm
“Les premiers, nous avons compris le danger idéologique de Duchamp...
J’ai tout de suite su ce qu’il allait advenir quand j’ai lu une enquête dans une revue qui s’appelait Arts et Spectacles. On y demandait qui était le plus important entre Duchamp et Picasso, et Duchamp a gagné.
Alors, j’ai compris que c’était fini, que c’était la porte ouverte à tout ce que je déteste : le marché officiel, le double marché, les œuvres destinées exclusivement au musée...
Tout ce que je déteste vient de là et c’est pour cela qu’il fallait l’assassiner.”
D’après les propos d’Arroyo, nov. 2007.
Bibliographie Figuration narrative
Bande dessinée et figuration narrative - 1967
Exposition Musée des Arts Décoratifs
La figuration narrative - Jean-Louis Pradel - 2000 - Hazan
"A rebours du processus moderniste, la figuration narrative réconcilie le quotidien le plus immédiat avec l'horizon mythique. A l'épanchement sentimental, aux impulsions gestuelles, au culte de la "petite sensation", aux complaisances matiéristes ou narcissiques, elle oppose une pratique picturale glacée et distanciée, ancrées aux exigences du dessin, de l'aplat et du cut up, pour redonner à la peinture les moyens de tenir tête au zapping généralisé et pour tenter d'y voir clair à nouveau ! Depuis près de quarante ans, elle occupe la scène d'une représentation largement désertée, afin de restaurer la subjectivité de l'artiste face à l'objectivité du monde, et le commerce des images mémorables contre l'aveuglement amnésique..."
Jean-Louis Pradel
Figuration narrative Paris 1960-1972 - Exposition au Grand Palais - 2008
Album de l'exposition par Anne Bergerot
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